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Jojo à Pékin 2022

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Chers lecteurs,

 

Afin de vous partager au mieux mon expérience aux Jeux Paralympiques de Pékin 2022, j'ai fait cette page dédiée. Elle reprend beaucoup de choses que j'avais mises sur le groupe Whatsapp "Jojo à Pékin" tout au long des Jeux. Vous y trouverez mon retour, des anecdotes, les vidéos de mes épreuves, mes interviews, des photos des sites et du village et pleins d'autres choses.

 

Bonne lecture !

2 Février :

L'aventure Paralympique commence lors de l'annonce de la sélection officielle ! Même si j'étais assez confiant sur cette sélection, ça fait toujours du bien de savoir que c'est validé.

7 Février :

Nous avons eu un dernier stage de préparation avec l'équipe Paralympique à Méribel du 7 au 12 février. Lors de ce stage nous avons pu organiser la logistique du voyage. Nous avons aussi eu diverses réunions d'information, notamment pour nous expliquer les règles de communication particulières à suivre pendant les jeux. Il faut savoir que les marques Olympique et Paralympique sont hyper protégées et que nous ne pouvons pas y associer nos sponsors personnels. Nous avons aussi reçu nos tenues Le Coq Sportif. Sur place nous ne sommes autorisés à porter que des vêtements fournis par le comité paralympique. Nos équipements doivent également respecter des règles sur la taille des logos des marques. Enfin nous avons empaqueté nos skis pour qu'ils partent vers Paris, notre point de départ. 

 

13 Février :

Les deux dernières semaines avant le départ ont été vraiment stressantes, d'un côté il fallait garder la forme et continuer l'entraînement, de l'autre il fallait absolument limiter les contacts avec les gens, quels qu'ils soient, pour ne pas attraper le Covid. Jusque-là, je n'avais pas réellement craint le Covid mais pendant ces deux dernières semaines avant le départ, le moindre test positif aurait compromis ces quatre dernières années d'entraînement. En plein pic épidémique, tout le monde devenait un risque potentiel.

 

24 Février :

C'est bon, mes deux tests PCR sont négatifs, je peux rejoindre le reste de la délégation française pour partir en bus vers Paris où nous prendrons l'avion pour Pékin le lendemain matin.

J'en profite pour vous rappeler quelques chiffres sur notre délégation :

19 athlètes au total dont 4 guides

   11 en Para Ski Alpin dont 2 guides

    4 en Para Ski Nordique dont 2 guides

    4 en Para Snowboard

 

Rien que pour le Ski Alpin nous avions 35 housses de 3 paires de skis, il faut compter une dizaine de paires par athlètes.

Cela représente déjà plus d'une tonne, à cela s'ajoutent deux valises de 32 kg par personne. Autant vous dire que les chargements et embarquements ne sont pas une partie de plaisir !

25 Février :

C'est le grand départ ! Direction l'aéroport Paris Charles De Gaulle pour prendre l'avion qui nous emmènera tous à Pékin.

Pour des raisons de Covid encore une fois, tout était mis en œuvre pour nous mélanger le moins possible avec les personnes extérieures. Pour cela Air France a vraiment joué le jeu et nous a très bien reçu avec un bureau d'embarquement dédié et un salon privé pour attendre avant d'embarquer. Nous avons aussi eu le droit pour les athlètes à la classe Business pour pouvoir se reposer pendant ce long vol.

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Beaucoup de monde, beaucoup de matos

Grosse organisation pour l'enregistrement !

Une délégation qui ne passe pas inaperçue

avec ces belles tenues Bleu Blanc Rouge !

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C'est parti ...

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... direction le salon pour se restaurer et attendre l'avion.

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Tout le monde est là, on peut décoller !!

26 Février :

Arrivée sur le sol chinois. Un test PCR dans le nez et dans la gorge nous attend avant de pouvoir nous diriger vers les sites Paralympiques. Nous sommes accueillis par des cosmonautes, l'aéroport est complètement vide. On a vraiment l'impression de débarquer dans un autre monde !

Heureusement, tout le monde est négatif et nous pouvons embarquer dans les bus qui nous conduiront au Village Paralympique.

3h30 de bus pendant lequel j'ai pu regarder un peu les paysages chinois, c'est un des rares moments où l'on a vu autre chose que le village dans lequel nous sommes restés pendant une vingtaine de jours.

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Selfie avec les cosmonautes chinois

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En attente des résultats PCR à l'aéroport international de Pékin

Des photos prises rapidement à travers la vitre du bus mais qui permettent de voir les constructions et paysages autour de Pékin. Ils aiment bien raser des villages pour les remplacer par une dizaine de grandes tours isolées au milieu des champs.

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Arrivés au village Paralympique vers 13h, nous avons eu le temps de faire le tour pour découvrir toutes les installations. Sur la première photo se trouve la gare routière qui mène à l'entrée principale du Village. On peut voir la télécabine qui arrive directement au centre ainsi qu'une piste pour redescendre à ski. Sur la deuxième photo c'est l'emplacement des anneaux Olympiques qui, pour nous, ont été recouverts par ce grand panneau. Effectivement, les mouvements Olympiques et Paralympiques sont bien dissociés, le logo Paralympique est constitué des 3 Agitos rouge, bleu et vert.

Pour en savoir plus à ce sujet je vous invite à lire cet article : Qui sont les Agitos ?

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L'endroit le plus important c'est bien le restaurant ! Les box aménagés pour éviter de contaminer son voisin pendant que l'on mange. C'était très compliqué de parler avec son voisin d'en face. Comme on peut le voir sur la vidéo, le buffet était plutôt bien garni mais je peux vous dire qu'au bout de 15 jours on avait fait le tour.

Au moins on pouvait manger à toute heure et à notre faim.

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Notre chambre était vraiment petite. Pour ranger toutes nos affaires de ski c'était vite le bazar. Par contre les lits étaient grands et confortables.

Le village devrait être transformé en hôtel à l'issue des jeux.

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L'espace commun France, où nous pouvions nous retrouver pour regarder les retransmissions, voir les équipes médias et faire des interviews, ou consulter le médecin.

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Notre salle kiné. Sur le village du Ski Alpin nous avions 2 kinés pour les 11 athlètes.

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Le stand Ottobock vraiment bien équipé pour la réparation des prothèses.

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Les deux salles de sport. Comme pour le self, il y avait des box pour limiter les contacts et contaminations.

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La boutique de souvenirs et le stand Samsung

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Le fleuriste

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L'espace Jeux où ils ont mis l'accent sur la réalité virtuelle avec plein d'expériences assez sympas à découvrir. Nous n'avons malheureusement pas eu le temps ni l'occasion d'y retourner après.

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La place centrale du village avec sa muraille en glace.

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Les stands de Fast Food quand vraiment il y en avait marre du restaurant principal.

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Notre local à ski avec Edouard mon technos. Nous avions 3 techniciens et donc 3 locaux comme celui-là pour préparer nos fusées.

 

27 Février :

Premier jour de ski sur les pistes chinoises. Entraînement de Géant et découverte du domaine.

Premières impressions : la TV écrase bien la pente, les pistes sont vraiment intéressantes. Le damage est impeccable, la neige est dure et accrochante comme on aime, c'est un vrai régal à skier. 

En revanche, si nos homologues Olympiques ont eu très froid, nous avons eu très chaud et ils annoncent de plus en plus chaud au fil des jours.

28 Février :

En raison du vent annoncé ces prochains jours, le programme est avancé. Nous commençons donc directement par un premier passage à haute vitesse sur la piste de Descente suivi d'un entrainement de Super G sur une autre piste.

La neige est différente de ce que nous avons eu hier. Ça ressemble plus à la neige de printemps que nous avons chez nous. La piste est magnifique avec un lançoir vraiment impressionnant au départ. Le toboggan avant le canyon n'est pas si impressionnant mais nous allons arriver vite dedans. C'est un point clé pour emmener un maximum de vitesse dans le canyon final. Cette partie est vraiment atypique, on pourrait se croire dans un canyon qu'on voit dans les westerns où les indiens nous auraient tendu une embuscade.

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Le départ de la télécabine depuis le village.

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L'arrivée de la télécabine qui relie le village à l'arrivée de la descente. 

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L'aire d'arrivée des épreuves de Géant et Slalom.

Vue du sommet avec, à droite sur la crête, la piste de Descente et Super G. A gauche la piste de Géant et Slalom. Au fond, derrière le pylône on aperçoit un immense lac derrière lequel passe la Grande Muraille de Chine.

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L'aire d'arrivée des épreuves de Descente et Super G

Une vidéo depuis l'une des pistes qui serpente autour des pistes de compétition avec le tunnel qui passe sous la piste de Descente et mène au départ du Super G

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En pleine reconnaissance du "toboggan"

Le plan des pistes

1er Mars :

Premier entraînement officiel de la Descente. Pour rappel, il y a 3 entraînements officiels de prévu, c'est comme une descente en condition de course avec le dossard, l'ordre de passage et le chrono sauf que le résultat ne compte pas. Ça permet de tester le tracé et la piste en montant progressivement en intensité et éviter de se blesser. On peut aussi tester des trajectoires. Le but étant de se préparer pour faire le run parfait lors de la course. On a aussi pu voir chez les valides que certains athlètes allaient plus vite lors des entraînements que le jour de la course.

Le vent s'est levé ce qui a perturbé un peu le programme de la journée, il y a eu pas mal de retard notamment à cause du télécabine qui n'a pas pu ouvrir, il a fallu se rabattre sur le télésiège de remplacement qui tournait au ralenti.

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Quelques photos du départ de la Descente où l'on peut se rendre compte de la pente mais aussi du vent qui faisait voler la neige. On aperçoit aussi l'aire d'arrivée en bas à droite.

Ce premier entraînement ne s'est pas super bien passé pour moi, je n'ai pas réussi à me mettre dedans mais heureusement il en reste deux autres pour m'améliorer.

2 Mars :

Deuxième entraînement officiel : ça s'est mieux passé que la veille mais j'ai du mal avec les deux gros virages pied droit au départ et au début du canyon. C'est pourtant deux points clés de cette descente.

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Deux articles sont sortis dans le Dauphiné Libéré aujourd'hui. Le premier ci-dessus dans l'édition de la Savoie, le deuxième est paru dans l'édition de la Haute Savoie et dans Ski Chrono : A LIRE ICI

3 Mars :

Troisième et dernier entraînement officiel : j'améliore mon chrono et je commence à prendre confiance. Je sens que je peux grappiller un peu de temps encore mais il faudra tout aligner correctement le jour de la course.

4 Mars :

Il y a trop de vent aujourd'hui, les remontées ne sont pas ouvertes. Ils ont finalement bien fait d'avancer les entraînements pour nous permettre de faire les trois. Il est quand même possible d'aller skier en prenant le bus. J'ai choisi d'y aller pour ne pas perdre le rythme et prendre des sensations encore sur cette neige.

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Le mur du départ avec le premier gros virage pied droit

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Le toboggan vu d'en bas

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Le grand virage pied gauche qui entre dans le toboggan

Un des points les plus rapides et techniques de la piste

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Tout seul dans le bus pour aller skier

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Photo rare des bénévoles chinois prenant la pose sans masque devant le bâtiment où nous étions logés avec les équipes de Chine, Australie et Norvège

Ce 4 mars était aussi le jour de la cérémonie d'ouverture qui marque officiellement le début de ces Jeux Paralympiques 2022. J'ai choisi cette année de ne pas y participer car il y avait plus de 2 heures de route à l'aller et au retour. Ça nous aurait fait rentrer au village à minuit alors que le réveil sonnait à 5h45 le lendemain pour la première épreuve !

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Voilà quand même quelques photos du défilé de notre belle délégation !

 

5 Mars :

Ça y est c'est le jour de notre première épreuve : la Descente ! J'ai le dossard 17 et je vous laisse revivre cette descente en vidéos :

Je termine 13e de cette Descente ! Comme mentionné dans la vidéo j'ai fait du bon ski même si les points techniques de la piste m'ont encore posé quelques soucis. J'espérais un peu mieux en termes de résultats. La neige était vraiment plaisante à skier mais dans ces cas-là, sur les épreuves de vitesse, il faut faire attention à ne pas trop rester accroché et vraiment laisser filer les skis, ce que je n'ai sûrement pas réussi à faire correctement.

Pour info, sur cette Descente ma vitesse moyenne a été calculée à plus de 100km/h ce qui en fait une Descente assez rapide.

6 Mars :

On enchaîne avec le Super G, j'ai le dossard 27 :

Tout est plutôt bien résumé dans cette petite vidéo. Un peu déçu du résultat mais difficile pour moi de concurrencer les handicaps plus lourds sur les longues parties de plat qu'offre cette piste. 

Je termine 14e !

7 Mars :

Le Super Combiné est avancé d'un jour car de nouveau la météo ne s'annonce pas super pour le jour suivant. Pour rappel le Super Combiné est une épreuve qui associe une manche de Super G et une manche de Slalom. On additionne le temps des deux manches pour faire le classement général.

J'ai le dossard 23 :

Comme vous pouvez le voir, je me fais une belle frayeur en bas du toboggan. Très déçu car j'avais enfin pu m'engager à 100% dans cette course. J'aurais bien aimé voir le résultat avec une manche pleine. 

J'ai pris un bon choc sur le moignon, étant donné mon classement, je préfère faire l'impasse sur la manche de slalom pour me reposer et espérer faire de meilleurs résultats sur les deux dernières épreuves sur lesquelles j'ai encore quelques chances.

Je ne suis donc pas classé sur cette épreuve.

8 Mars :

Enfin une vraie journée de repos. Elle est bien méritée et va me permettre de recharger les batteries. Mais aussi de penser à autre chose. J'en ai profité pour aller me balader dans le village :

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Le plan du village

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Un petit parc au milieu du village avec les ruines d'un ancien village traditionnel

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Une photo prise depuis le bas du village où l'on aperçoit la piste de Bobsleigh en face

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Un coucher de soleil vu depuis les toits du village.

Ces bâtiments étaient fermés pour les Jeux Paralympiques car nous étions beaucoup moins nombreux que pour les Jeux Olympiques. 

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Le passage obligatoire c'est cette petite photo sur la muraille de Chine avec Oscaro

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Avant mon départ vous aviez été nombreux à avoir entendu dire que les Chinois étaient friands des pin's.

En fait, c'est une tradition des Jeux. Chaque délégation a ses pin's, il y en a même des collectors. Et le but étant de se les échanger. C'est une vraie monnaie au village

De mon côté, j'ai amassé une belle petite collection avec notamment celui de l'équipe Olympique de Bobsleigh Jamaïcain #RastaRocket. Ils sont accrochés à mon accréditation. L'accréditation remplace notre carte d'identité sur le village, c'est aussi elle qui permet de passer les contrôles de sécurité et d'avoir accès aux zones qui nous sont réservées.

9 Mars :

Après le repos de la veille nous avons un entraînement de Géant. J'ai toujours un peu mal au moignon suite à ma mésaventure du Super Combiné mais j'arrive à supporter la douleur. Cet entraînement est assez stratégique. Lors du slalom du Super Combiné nous avons pu remarquer que la neige s'était vraiment transformée et qu'ils avaient dû saler pour la faire durcir. 

L'objectif du jour était donc de s'habituer à ces conditions de neige à une heure proche de ce que nous aurons le lendemain lors de la 2e manche.

En effet, les médias ont beaucoup parlé de cette neige artificielle assez particulière. Moi je dirais qu'elle est surtout très changeante. Il y a énormément de types de cristaux de glace différents qui peuvent changer en fonction de la température et de l'humidité de l'air ambiant. Le climat en Chine est bien plus sec que chez nous, c'est d'ailleurs pour ça qu'ils n'ont quasiment pas de neige naturelle. Il y a aussi de gros écarts de température entre la nuit et le jour donc elle change énormément d'un jour à l'autre et même selon l'exposition de la piste au soleil et au vent.

Avec ma prothèse, je suis très sensible à l'accroche de mes skis sur la neige. Je dois donc ajuster au mieux l'affûtage de mes carres. Autant pour la glace j'ai besoin d'avoir des lames de rasoir pour faciliter l'accroche, autant sur la neige molle et accrochante, comme ce que nous avions cet après-midi, je dois désaffuter mes carres pour faciliter le pivotement des skis sur la neige. L'objectif  était donc aussi d'ajuster l'affûtage des carres.

Un peu de vent sur les sommets Chinois

Skier dans un parking souterrain ?

C'est normal ici 

10 Mars :

Retour aux compétitions ! C'est le Géant aujourd'hui. Ils nous ont fait lever tôt car il y a beaucoup de concurrents et qu'ils espèrent garder la neige le plus dur possible en deuxième manche. J'ai le dossard 17 :

Je fais une belle première manche, le 8e temps. C'était un tracé très technique avec peu d'espace entre les portes : entre 22 et 25m alors qu'on est plutôt entre 25 et 28 habituellement. Le genre de tracé que je n'aime pas trop. C'était en plus assez bizarre car il y avait beaucoup de changements de rythmes avec des parties où on pouvait faire filer les skis et d'autres où ça coinçait et je me suis mis en difficulté. Malgré tout je m'en sors plutôt bien.

La deuxième manche est tracée par notre coach. On espère une manche plus plaisante où l'on pourra se lâcher :

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C'était un vrai champ de patates sur la reconnaissance de la deuxième manche. Heureusement les lisseurs ont fait du bon boulot pour nous faire une piste impeccable pour la course.

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On aurait presque pu sortir les T-Shirts dans l'aire de départ !

C'est parti pour la deuxième manche :

Interview France TV avec mon collègue Baboo

Je termine 12e sur ce Géant. Une deuxième manche un peu plus difficile pour moi où je n'ai pas réussi à lâcher les skis pour prendre de la vitesse.

11 Mars :

En raison d'une météo incertaine, le slalom est décalé au 13 mars ce qui nous laisse deux bonnes journées de repos avant la dernière épreuve. Je profite donc de cette journée pour changer d'air et aller voir un peu ce qu'il se passe sur l'autre site Paralympique du côté de nos amis snowboarders et nordiques. C'est une journée chargée pour mes compatriotes avec de nombreuses chances de médaille.

Je prends la route à 8h30 pour aller voir le snowboard. Il y a une heure de trajet entre les deux sites et peu de navettes disponibles. Ça fait du bien de voir d'autres personnes mais on sent que la tension est à son comble sur cette épreuve qui est leur dernière. En tout cas dans les tribunes c'est le feu comme vous pouvez le voir sur la vidéo ci-dessous.

C'est une journée forte en émotions ! Sur son premier run Maxime Montaggioni en snowboard se place deuxième à seulement 1 centième du premier. Hormis lui, le top 5 est trusté par les chinois.

Lors du deuxième passage, Benjamin Daviet en biathlon domine la course. J'aurais aimé aller le voir aussi mais les deux courses sont en simultanée. Je suis donc obligé de suivre sur mon téléphone tout en guettant le passage de Maxime. Et là, notre Benjamin national claque une belle médaille d'or, sa deuxième de ces Jeux, en réalisant un 20/20 au tir. Consécration dans le clan tricolore.

A peine 5 minutes après, c'est au tour de Maxime de prendre sa revanche sur les chinois et de décrocher l'or à son tour, son premier titre Paralympique.

Euphorie totale chez les Français ! 

Trop content d'être venu partager ces moments avec eux.

Dans la foulée, j'apprends que je suis invité sur le plateau de France TV qui se situe à 10 minutes du site de Snowboard.

Quelques photos de mon passage dans les studios de France TV. J'ai pu découvrir un peu ce qu'il se passe en coulisse et parmi les commentateurs dont mon ancien coéquipier Cyril Moré. Les techniciens étaient déjà en train de ranger pour organiser le départ et la fatigue se faisait sentir. Certains étaient là depuis plus de 40 jours ayant aussi couvert les Jeux Olympiques avant notre arrivée.

Ci-dessous le replay de mon interview pour France 3 :

En allant prendre la navette pour rentrer, j'ai traversé rapidement le deuxième village, celui où sont logés les snowboarders et les nordiques dont voici quelques photos.

La dernière je l'ai prise sur la route pour vous montrer la taille des routes qu'ils ont construites pour ces jeux, c'est vraiment impressionnant !

12 Mars :

Nous profitons du deuxième jour de "repos" pour aller faire un entraînement de slalom. J'ai retrouvé une bonne énergie et de bonnes sensations. Mon moignon va mieux suite au coup reçu au Super Combiné. Je suis prêt pour la dernière épreuve !

13 Mars :

Dernier jour de ces jeux, on termine par le slalom, une épreuve que je n'affectionne pas particulièrement mais où il m'est déjà arrivé de faire de bons résultats en étant propre et régulier. 

J'ai le dossard 33 :

Cette première manche se passe plutôt bien pour moi. Je fais le 10e temps, il y a eu beaucoup de chutes comme souvent en slalom. A ce moment-là, j'ai vécu un grand moment de suspens car j'ai été affiché quelque temps comme disqualifié. Il y avait un doute sur mon passage de l'avant dernière porte. J'ai bien cru que mon aventure paralympique s'arrêtait là ! Heureusement non, j'ai été réintégré sur les résultats officiels, j'ai ainsi pu courir la deuxième manche.

Cette deuxième manche est affreuse. C'est très serré entre les portes et ça tourne beaucoup. Il n'y a pas de vitesse. Le coach autrichien a tracé pour favoriser son athlète sur une jambe.  Je suis dégouté qu'on ait un tracé comme ça aux Jeux, là où on est le plus regardé. Personne n'arrive à vraiment skier à son niveau dans un tel tracé et ce n'est pas très joli à regarder. Malgré tout, je fais une manche correcte sans grosse erreur. Trois des concurrents qui étaient devant moi à la première manche sortent dont le fameux autrichien qui aurait pu nous atomiser dans un tel tracé. Avec tout ça, je remonte à la 7e place ce qui en fait ma meilleure performance des Jeux Paralympiques.

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Après la course, je suis convoqué au contrôle anti-dopage, passage obligé des Jeux pour tous les athlètes. Je n'y avais pas encore eu droit, il fallait que ça tombe le dernier jour.

Petite photo avec notre mascotte Shey Ron Ron avant de quitter définitivement les pistes chinoises.

A peine 1 heure pour manger et se changer qu'il faut déjà partir à la cérémonie de clôture de ces Jeux. Direction Pékin et le "Nid d'aigle", stade mythique construit pour les Jeux Olympiques de Pékin 2008. C'était un vrai grand moment de ces jeux n'ayant pas pu y aller pour l'ouverture. Le stade est bien plus grand et impressionnant que celui de PyeongChang en 2018.

Voici quelques photos de la cérémonie même si je pense que c'était plus impressionnant à la TV. S'en est suivi une grosse soirée au village avec tous les staffs et athlètes de toutes les nations. De quoi décompresser et partager nos expériences et ressentis avec les autres.

14 Mars :

Ça y est, les jeux sont finis ! Il est temps de remballer nos plus d'une tonne de bagages.

Il est aussi temps de faire le bilan de ces jeux.
En termes de résultats : 

Descente 13e
Super G 14e
Super Combiné out
Géant 12e
Slalom 7e

Pour rappel à PyeongChang ma meilleure place était 14e en descente et slalom.

J'espérais mieux mais on a pu voir qu'encore une fois certains athlètes ne viennent que pour les jeux. Les coefficients des handicaps "lourds" font la différence et rendent difficile l'accès aux meilleures places. Les Chinois avaient aussi mis le paquet pour préparer leurs athlètes. J'ai pu discuter avec leur coach hier soir qui m'expliquait que depuis 2 ans ils n'ont quasiment pas eu un jour de repos. Le seul motif valable pour s'absenter et aller voir sa famille étant le décès d'un proche. Ils ont mis en place un programme d'entraînement drastique aussi bien sur les skis qu'en préparation physique pour développer les qualités de leurs athlètes et gommer les handicaps. Les résultats sont là, ils finissent de loin comme première nation avec 61 médailles au total contre seulement 1 seule en 2018.

Nous avons été vraiment bien accueillis sur ces jeux, ils avaient mis un maximum de moyens en place avec plus de 21 milliards de dollars d'investissements pour les infrastructures et plus 10 000 bénévoles et employés sur les sites Olympiques et Paralympiques.
 

Dommage que l'on n'ait pas pu visiter le pays un peu plus, ni même aller faire un saut sur la Grande Muraille de Chine.

Pour le retour un vol de 20h nous attend car nous ne pouvons plus survoler la Russie ni l'Ukraine à cause de la guerre. A Paris nos familles nous attendent et nous allons être reçus à l'Hôtel de Ville puis par les médias et le Comité Paralympique pour célébrer la fin de cette aventure Paralympique.

Je vous mets une petite série de photos en action prises par notre super photographe Grégory Picout et en guise de bonus, pour ceux qui auront tout lu jusqu'ici, quelques photos de moi sur les skis quand j'étais petit.

J'espère que ce récit de mes aventures chinoises vous aura plu.

 

J'en profite pour tous vous remercier pour votre soutien et vos messages d'encouragements. J'ai été très touché par l'engouement suscité autour de moi et de ces jeux. 

Merci également à tous mes partenaires sans qui je n'aurais pas pu faire tout ça ! Beaucoup croient en moi depuis le début et ça fait vraiment du bien de se sentir ainsi soutenu.

MERCI 

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Jordan Broisin

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